"Songwriter inspiré, William Baldé réalise des compositions riches en harmonies,
parfois dépouillées, mais le plus souvent sophistiquées, des rythmes efficaces comme "En corps étranger",
premier titre de l'album, un reggae cristallin, discrètement malicieux : « On a beau faire des détours/On y revient toujours ».
Cela parle d'exil, de sentiments partagés, mais jamais ne bascule dans l'amertume ou la lamentation.
William donne corps à une musique résolument optimiste. Une chanson qui donne presque la réplique au
quatrième titre de l'album, "Exil" : « Je veux faire le tour de la terre/Vivre des traversées du désert/Une île au milieu de l'eau
/Le coin de paradis qu'il me faut ». Des paroles qui veulent dire que l'on peut se sentir partout chez soi quand on part
à la rencontre des autres. Une douce prière fredonnée sur de petites touches de guitare, percussions, cuivres, un peu
jazzy, un tempo cool qui nous fait sentir de doux rayons de soleil. D'ailleurs, tout l'album de William respire cette
ambiance solaire, un mélange de balade au grand air et de voyage intérieur. Depuis sa Guinée natale, William s'est
nourri de ses traversées. Ce n'est pas pour rien que la route est un thème qui lui tient à coeur.
William y fait parfois souffler un brin de nostalgie, malgré un parcours qui n'a pas forcément été plein d'allégresse,
à l'exemple de la chanson "Sur la route de Dakar" avec son petit air autobiographique : « Des souvenirs à la pelle
hantent les semelles des coureurs/Sur la route de Dakar/On croise la nature humaine/Qu'est-ce que la vie d'un petit Noir
/ Que le monde voyait à peine ». C'est une sorte de soul sahélienne, marquée par le son d'une flûte obsédante qui annonce
"Sayüma Lagissé" . Alors que "Yonn-Gui", la chanson qui clôt le disque, également interpretée en wolof, principale langue
du Sénégal, est un blues déchirant, une mélancolie inconsolable. William chante, en outre, quelques maux sociaux de notre
temps à l'exemple de "La boîte aux photos", une émouvante évocation de l'immigration sans papiers. William Baldé écrit des
chansons à la cadence irrésistible, et souvent des ballades attachantes telle la complainte "Suzy", une douloureuse séparation....:
« Mon Dieu si tu savais Suzy/J'ai souvent dans ma vie/ Cherché l'image de ton sosie/ L'image Suzy, de ton sosie ». Le timbre fin,
un peu voilé, William sait aussi tourner agréablement un amour pop-soul en reggae lumineux et captivant, "Rayon de soleil (à la roots)"
: « Un matin suspendu aux fleurs de ton jardin/Ma main sur ton p'tit cul/Qui cherche le chemin ». La musique de "Sweet Lady"
(« Il n'y a que toi/Juste toi/Rien que toi/You make me feel so nice ») rend hommage aux productions des légendaires labels Tamla Motown et Stax.
William n'est pas wolof, de l'ethnie majoritaire du Sénégal, mais vient de la Guinée voisine. Il est né à Kindia, élevé à Conakry,
la capitale guinéenne par sa mère médecin (« Ils sont tous dans le médical du côté maternel », précise-t-il), avant d'être envoyé
à Dakar où vit son père tailleur et styliste, d'origine peule et touarègue. Le père Baldé s'est exilé au Sénégal, quittant la Guinée
où règne à l'époque le régime autoritaire et paranoïaque d'Ahmed Sékou Touré qui a arraché à la France l'indépendance de son pays en 1958.
William passe sa prime adolescence à Dakar, où sa mère l'envoi pour le protéger. Après 5 ans au Sénégal, dont une année sans son père,
il le rejoint en France.
"J'ai débarqué à 15 ans à Paris où mon père tenait un bar du côté de la Bastille. J'ai sauté deux ou trois classes.
Je rêvais de devenir avocat », se souvient William. Il fréquente des musiciens bohèmes, interprètes de succès internationaux sur les
marches du Sacré-Cour, dans le métro et autres bars.
William publie avec son groupe Yuba, un premier disque, "Everybody Nyani-Nyani" chez EMI en 1996. L'aventure tourne court.
Il monte alors le trop de reprises 24 Jam avec Michel Domisseck (auteur- compositeur de « Belle Demoiselle » pour Christophe Maé)
et marc Chavanis à la contrebasse. Le groupe se fait embaucher pour animer un bar avec ses reprises d'Otis Redding et autres standards
de la soul music dans le sud de la France. « Un jour, un guitariste - chanteur demande comment procéder pour se faire embaucher.
Je lui dis de passer en première partie. Il était étonné qu'on ne l'auditionne pas. Je lui réponds que s'il tenait à chanter,
c'est qu'il savait le faire..... C'était Christophe..... Maé!!! », raconte William. De là, naissent une amitié et une admiration réciproques.
A la demande de Christophe Maé, William assurera les premières parties de sa tournée : une quarantaine de Zénith à travers la France en 2007
et 2008, plus de 400 000 spectateurs qui ont écouté le chanteur Franco-Guinéen peaufiner son style et la dizaine de chansons de son disque.
« Au départ, je voulais tout dire, mais, je n'étais pas prêt pour le faire en une seule fois, déclare William. Finalement, c'est le disque
que je voulais faire parce que j'ai trouvé un équilibre entre la soul, la pop, le reggae et ma passion pour une certaine chanson française.
Je reste un Franco-Africain qui chante en français »"
(Source : Site Officiel)